Les religieuses au couvent de Standon

Femmes de parole, femmes d'action

 

Il y a cent ans, en 1910, débutait la construction du couvent de Saint-Léon-de-Standon. Mais on ne fêtera pas son centenaire. Il ne reste de ce bâtiment que des photos anciennes, quelques notes compilées par les religieuses et des souvenirs encore très vivaces dans la tête de ceux et celles qui y ont vécu leurs années scolaires.

 

Tout débute en 1903 lorsque le curé Françoise Xavier Côté entreprend des démarches auprès de l'abbé J. Onésime Brousseau, alors fondateur de la congrégation des religieuses de Notre-Dame du Perpétuel Secours. Il veut faire construire une école à Standon mais il veut surtout que ces religieuses la prennent en charge.

 

Sans obtenir de réponse vraiment positive mais plein d'espoir, le curé Côté recrute des souscripteurs et lance, en 1910, la construction d'un couvent de fort belles dimensions susceptible d'accueillir les religieuses et leurs élèves. Cette construction durera plus de deux ans.

 

Le 26 août 1912, quelques jours avant la rentrée des classes, la supérieure générale des Soeurs de Notre-Dame du Perpétuel Secours, soeur Saint-Isidore, arrive au couvent en compagnie de soeur Saint-Raphael, directrice, et des soeurs enseignantes soeur Marie du Précieux Sang et soeur Saint-Laurent. Les suivent cinq pensionnaires et tout ce beau monde doit trouver refuge au presbytère en attendant la fin des travaux de construction. Les obstacles ne rebutent aucunement ces femmes d'action, leur enthousiasme les soutient.

 

Il faut inaugurer de belle façon ce couvent, sa chapelle et l'arrivée des religieuses. Ce sera fait le 3 décembre 1912. En cette journée de la fête de Saint-François-Xavier, une fête grandiose réunit les paroissiens, plusieurs prêtres et de nombreux dignitaires. Les élèves exécutent une séance dramatique et jouent des pièces musicales. L'harmonium, prêté par le curé Côté, est largement mis à profit. C'est soeur Saint-François Régis, arrivée deux mois plus tôt, qui a préparé le tout. Ce soir-là le curé Côté reçoit une adresse accompagnée d'un bouquet spirituel. On reconnaît son mérite d'avoir vu à la construction du couvent et d'avoir amené les religieuses à Standon.

 

Dès la première année, les soeurs s'empressent de faire défricher un coin de la cour qui deviendra un beau potager. Le père Brousseau tenait à ce que ses religieuses inculquent à leurs élèves le goût du travail de la terre et les initient au jardinage. Sans compter qu'elles auront à la portée de la main des légumes frais pour nourrir leur monde.

 

Graduellement, le nombre d'élèves au couvent augmente. De quatre vint cinq qu'il était en 1912, il passe à cent quinze l'année suivante, cent vingt-quatre en 1918-19 et jusqu'à cent quatre vint deux en 1959-60 avec un personnel religieux qui varie entre quatre et six religieuses qui voient à tout. Le pensionnat accueille une dizaine d'enfants jusqu'en 1926.

 

Ces femmes de parole ont éduqué et instruit toute une génération de jeunes standonnniennes et standonniens. Les filles étaient plus nombreuses que les garçons dans les premières années. Petit à petit, les religieuses ont adapté leur enseignement à la clientèle. Plus tard, les garçons seront regroupés au Collège. C'est l'édifice qui loge actuellement les bureaux de la municipalité. 

 

Une des directrices du couvent, soeur Saint-Marcel (1938-1944), oeuvra pendant quarante deux ans dans différents postes dont quatorze années à donner des cours aux adultes. Ses anciennes élèves attribuent ses succès pédagogiques à l'intérêt qu'elle leur portait, à la maitrise des matières enseignées, à l'idéal qu'elle savait susciter en elles et au travail abondant proposé. En 1957, soeur Saint-Marcel se voit octroyer la mention de la meilleure moyenne en français au niveau de la 11è année par le département de l'Instruction publique et, en 1969, elle est nommée Chevalier de l'ordre du mérite scolaire par le ministre de l'éducation.

 

Ces femmes d'action ont été à la hauteur de la mission d'éducation qu'elles se sont données. De la toute première équipe en 1912 dirigée par soeur Saint-Raphael à la dernière, en 1973 alors que soeur Régina Laflamme s'occupait aussi de l'école de Saint-Malachie, toutes ces femmes ont eu à coeur d'accomplir au mieux leur travail d'éducation. Il faut dire qu'en plus des cours habituels,elles organisaient de nombreuses activités liées à la vie pastorale. La chorale, les groupes de jeunes de la JEC, la Croisade eucharistique, les Cadets du Sacré-Coeur et l'oeuvre de la petite enfance, tous ces groupes étaient guidés par les religieuses.

 

Mais voilà qu'en 1960, le curé Wilfrid Rodrique décide de construire une nouvelle école plus grande et plus moderne pour accueillir tous les enfants de la paroisse. C'est la fin des écoles de rang. Aux cent quatre vint deux enfants de la dernière cohorte du couvent, vont s'ajouter autant d'enfants ayant commencé leur scolarisation dans les écoles de rang. Ils seront plus de trois cent dans une seule bâtisse avec une quinzaine de professeurs laïques et quatre religieuses. L'une d'elles assumera la direction jusqu'au 30 juin 1973.

 

Qu'advint-il du couvent ? Il dut céder la place, dans tous les sens du terme, à la nouvelle école. Il fut vendu aux enchères en 1960 et c'est monsieur Davila Moore qui s'en est porté acquéreur pour la somme de 900$ Il devait absolument le démolir et faire place nette. Ce qu'il fit. Sa première maison dans le rang Saint-François a été construite avec les matériaux du couvent. On a retrouvé le nom d'importants souscripteurs sur des pièces   de la charpente. Une des magnifiques portes en chêne massif de l'entrée principale se retrouve maintenant dans une cabane à sucre.

 

 

( texte publié dans la revue au Fil des Ans de la Société historique de Bellechasse

auteur: Françoise Bourgault)

 

Deux découpures de journaux raltant des faits importants à Standon dont la bénédiction du Couvent. Il s'agit probablement de l'Action catholique ou du Dorchester.

Soeur St-Marcel qui ajoué un rôle important auprès de nombreux enfants à St-Léon-de-Standon.